Elle

s'est laissé pousser les cheveux. Avant, elle les avait très courts. Elle a l'air bien contente de te voir. Tu l'embrasses. Des images te rviennent. Des voyages, pour organiser des fêtes d'entreprise, pour des réunions de CE à Paris. Un orage sur la route, et toi qui prends une aire de repos. La pluie qui tombe en trombes, et la buée qui vous enferme côte à côte, silencieux.

Une virée en car au Puy du Fou, ou au Futuroscope. Le restaurant du Pigeon Blanc, avec son menu spécial cars, et ses serveuses qui serraient cinq bouteilles de vin blanc glacé (et une de cassis) contre leurs seins.

Un tatouage, sur un de ses seins à elle, qui dépassait furtivement de son chemisier blanc. Elle était venue avec son amie, une autre brune à cheveux courts.

D'autres images, elle qui organise un match de volley et hurle et tape dans ses mains, et relance le jeu, indéfiniment.

Le plan social, (mais tu étais déjà ailleurs). Son visage dans les journaux, à la télé.

Elle est permanente syndicale. Après un pareil raffut, elle ne pouvait sans doute rien faire d'autre. Mais elle te dit que, d'une certaine façon, elle avait toujours voulu faire ça. Aujourd'hui, elle va assurer une formation à des membres de CE.

Elle a le tour des yeux bordés de noir. Tu l'observes pendant qu'elle téléphone, en tentant désespérement de retrouver son prénom. Tu trouves que ça lui va bien, ces lignes noires, d'autant qu'elle sont naturelles. Elle ne se maquille jamais. Ni de jupes. Naturellement.

Elle était énergique. Elle est devenue radieuse.