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Hourra
6 mai 2009

Elles

sont montées en même temps que cinquante autre retraités, bruyants, lents et maladroits, empêtrés dans leurs bagages trop lourds, leurs chaussures traitresses, poussés par le chef de quai impatient "laissez-moi redescendre, Messieurs-Dames. Il faut que la rame reparte".
Elles se sont assises derrière toi, et leur babil fait passer les kilomètres.
Comme les vamps, il y a la dominante, qui trouve que les prélèvements sociaux et les impôts sont "exagérés, quand même" et que Aix n'est plus si bien, surtout le week-end, où les jeunes envahissent les piscines. Et la dominée, qui acquiesce.
Elles débattent du repas du midi. La dominée affirme qu'il s'agissait de poulet, car elle a posé la question. La dominante affirme qu'il s'agissait de dinde. Vu la taille des morceaux, on transige en acceptant qu'il se soit agit de poule. En tout cas, la sauce était bonne. "Ah, ben oui."
Les deux confrontent leur récent veuvage, et arrivent à la même conclusion. Elles ont gardé la dignité et la retenue des personnes qui ne veulent déjà plus embêter le monde autour d'elles. Mais les photos sur les commodes, les rappels des administrations qui n'ont pas encore fait les saisies "malgré mon courrier", et continuent à chercher le monsieur, les silences des appartements, leur pèsent.
"Alors, j'ai croisé une dame, qui m'a dit 'vous avez l"air de le prendre plutôt bien". Alors j'ai arrêté mes courses. Pourtant, j'avais commencé mes courses, mais elle m'avait trop marquée. J'ai arrêté mes courses. Je suis rentrée chez moi, et j'ai pleuré."

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