Elle

loge des jeunes dans sa maison. Mais pas que.

Elle n'était pas là quand tu es passée, mais elle était présente.

La salle du rez-de-chaussée est encombrée de livres, souvenirs, piano droit peint en jaune et fleurs à l'acrylique, avec des dizaines de choses posées sur le couvercle du clavier, et un mac, bien sûr, avec un grand écran, et de la hifi, et des plantes qui courent, et une petite chatte errante qui dort dans un ravier en terre cuite, avec le ventre qui grossit, des choses qui pendent des poutres, des photos accrochées, des sièges, des banquettes, des épices et des plantes séchées dans le coin cuisine que les étudiants qui n'en ont pas dans leur chambre peuvent utiliser.

Au fond du jardin que tu vois de la veranda, il y a une cabane, ou vit un type qui n'a pas de ressources, et qui a écrit un livre publié à compte d'auteur pour interpeler les gens de pouvoir qui ne nous écoutent pas et qui devraient. Il y a un tout petit bassin, te dit-on. Tu vois des vélos aussi, et d'autres choses. Ce n'est pas très riche. Ce n'est pas très entretenu.

Par les escaliers tortueux de la maison remodelée tant de fois, on passe dans des chicanes encombrées de livres et d'autres souvenirs. Des artistes ont peint son portrait quand elle était plus jeune, plusieurs fois, avec ses yeux magnifiques, et ses grandes lèvres, et tu sais qu'elle a été muse, ailleurs.

Tout est en bois, et pierres et briques apparentes.

Tout en haut, au bout du dernier escalier, un tableau représente deux zèbres au bord d'une piscine, dans un paysage nettement surréaliste. "l'artiste américain qui l'a peint est mort du sida". Tu supposes que la plupart des tableaux lui ont été offerts.

Le tableau est constellé de trous. Il n'a pas toujours été en bonne place, et les déménagements et les fêtes des étudiants l'ont souvent meurtri.