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Hourra
24 juin 2006

Monsieur K et le chemisier jaune

Musique: les gauloises bleues, Yves Simon

A cette époque là, je travaillais dans ma ville, qui est la plus belle ville du monde, et où je suis né, et où je me suis marié, et tout ça.

Je travaillais dans une boutique d'informatique, qui était située dans un ancien grand magasin de meuble. Le grand magasin avait été coupé en deux par des cloisons en plâtre. L'autre moitié, c'était le sex shop de Monsieur K. (*)

Dans notre bonne ville de province, sur une grande place, ça faisait un peu provoc. De fait, ça ne se pressait pas pour entrer pendant la journée. Des fois, il y avait des livreurs, qui frappaient chez nous. "Euh, Publications et Réalisations Modernes, c'est chez vous?
-Ah, ben non, c'est le Sex-shop.
-ah, euh, mais... bon... je veux pas rentrer là, moi. Vous pourriez pas le porter chez eux?
-Non. Vous n'avez qu'à passer le porche, et vous pourrez entrer par derrière."
(Forcément. On n'allait pas s'en priver).

Derrière, il y avait une cour, et la petite société d'où Mr K envoyait sa revue de contacts. Swing ça s'appelait, je crois.
Monsieur K était un gros monsieur avec un crâne chauve, un gros nez, un double menton, et des grosses lèvres, et aussi une voix haut perchée. Parfois je me suis dit qu'avec son physique, il s'est dit "tant qu'à avoir un look de gros pervers, autant tenir des sex-shops."

Parce que sinon, c'était un monsieur absolument charmant, très gentil, et très serviable.

Dans sa boutique, il avait une vendeuse. Je crois qu'elle s'appelait Juliette. En tout cas, elle avait des seins à s'appeler Juliette. Elle était jeune, avec un visage plutôt avenant, et un peu rural. Je crois qu'elle avait des joues rouges. Chaipu. Ses seins. Elle avait une paire insolente, prétentieuse, agressive. Et elle les enfermait dans une chemisier jaune en synthétique, sans rien d'autre.

Elle faisait les permanences jusqu'à minuit. Les vraies ventes, c'était à partir de la nuit tombée. Nous, on passait chez elle en revenant de chasser le client, pour récupérer la clé du local. Après trois heures de route en bagnole, c'était un lieu éclairé, et chaleureux. Ses seins par-dessus le comptoir, elle papotait avec nous de tout et de rien, au milieu des ombres qui serraient la tête enter les épaules.. Elle riait facilement.

Elle était nature. C'était le genre à laisser ses PV des jours sur son pare-brise, en croyant que ça dissuadait les contractuels d'en remettre d'autres. Tu parles. Il y a même un contractuel qui lui en a mis PLUS quand il l'a identifiée.

Quelqu'un m'avait dit qu'elle avait du être prostituée, qand elle avait travaillé à Paris, d'où Mr K l'avait ramenée. Je la trouvais gentille, pour une nana qui aurait été prostituée. En tout cas, cette idée m'intimidait.

Mr K avait une boutique en trop. Quand il a fermé l'autre, il a viré Juliette, pour garder une dame nettement plus âgée, mais aussi plus ancienne et peut-être un peu plus fiable. Le genre qui devait forcer les clients à se décider, je suppose.

Fin d'une époque. Toutes façons, j'ai quitté mon employeur.

"Les beaux jours
Les petites femmes de Paris montaient sur nos balcons
Voir si les fleurs du mal poussaient encore en cette saison"

Ooooohhhh.... les beaux jours......

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(*) et ah ben tiens, j'aurais une histoire, à propos.

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