Si je les croisais dans la rue

Si je les croisais dans la rue, avec leur maladie, leur révolte, leur souffrance, leur peur, et que ce soit pas un bon jour, ça se passerait pas bien. Ils trimbalent avec eux des odeurs de désinfectant, de séringues, des images de visages génés, des decsriptions de pratiques sexuelles inconnues, des hurlements, des menaces de suicides, des coups de poings dans les murs, des ongles qui déchirent des paumes.

Si je les croisais dans la rue, j'aurais sûrement peur. Et je serais intimidé. Et je me trouverais con. Je fais partie des gens qui ne supportent pas le silence, et qui parlent trop vite pour ne pas avoir l'air con et qui disent des conneries (qu'ils ne pensent généralement pas). J'aurasi peur d'être jugé, compris de travers, qu'ils pensent que je les juge, que je suis raciste, homphobe. Anti.

Et je me dépecherais de me donner des excuses, et de les ranger dans une boite, genre 'cons' ou 'mal embouchés' et puis d'essayer de les oublier. Il y a des gens pour s'occupper d'eux, n'est-ce pas? Et bien sûr, je ne serais pas fier de moi.

Là, je les suis sur le web. Je les découvre, petit à petit. Comment ils souffrent. Et comment c'est arrivé. Comment ils se font mal. Comment ils se font du bien, parfois. Comment ils essaient d'aimer. Comment ils voudraient bien qu'on les aime. Surtout comment. Au bon moment, quand la porte est ouverte, quand ça crie à l'aide dans le chateau, ou quand ils sont de meilleure humeur. (redira-t-on assez qu'on ne PARLE PAS à un mec qui vient de s'écraser l'orteil?)

Je les lis. J'essaie d'apprendre. J'essaie de comprendre. Parfois j'essaie un mot. Lentement, prudemment. Je n'ai pas besoin de faire le malin. Juste, quoi, leur dire: je suis là, je vous regarde. Vous comptez pour moi.

http://deviant.canalblog.com

http://www.epektasis.org/