Lui

tu le vois depuis la fenêtre des bureaux où tu travailles.

Il est sous le préau. Et ça te rappelle que dans les écoles primaires, il y a un préau. Il y avait un préau, il y a un préau, il y aura un préau.

Il se tient dans un coin du préau, proche de la porte d'entrée. Il est seul.

Pendant de longues minutes, sa seule occupation est de coller et décoller ses mains de ses oreilles en les faisant pivoter comme deux petites portières, ou deux nageoires.

Tu sais bien le son que cela fait, coupant et rétablissant le chahut des autres enfants qui courent autour, entrecoupé de "oua".

"Ouachahutouasilenceouachahutouasilenceouachahutouasilenceouachahutouasilence"

Une ronde de petites filles tourne dans la cour. Elle se déplace en tournant, comme un minuscule engrenage, ou une bulle. Elle tourne et divague entre les ballons et les courses.. Elle s'approche de lui, ralentit, s'arrête sans perdre sa forme. Elle finit par l'absorber. Il prend sa place dans la ronde et part en tournant avec elle.